Retour sur la mission réalisée par Mouctar DIALLO, bénévole et Anne-Laure RENARD, chargée de projets au sein d’ESSENTIEL- Du 25 juillet au 09 aout 2022.
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Qu’est-ce qui a suscité ton intérêt et ton investissement en tant que bénévole pour ESSENTIEL et pour le projet SAPEMA en particulier ?
Foncièrement engagé dans les actions solidaires au sein des associations de diverses vocations en France et ailleurs et issu d’une formation en sciences médicales, en santé publique et communautaire depuis plusieurs années, j’ai été séduit par l’ambition portée par l’association ESSENTIEL dans son approche d’accès aux soins de qualité destinés aux populations vulnérables. Cette ambition m’a donc donné envie d’adhérer puis soutenir ESSENTIEL en rejoignant plusieurs autres volontaires et salarié.es issus de professions et expertises diversifiées très enrichissantes.
L’objectif général de SAPEMA et son contexte stratégique font écho à mon vécu professionnel de Directeur de Programme National de Lutte contre les IST/VIH/sida et les Hépatites en Guinée pendant plusieurs années où j’ai travaillé avec des bailleurs internationaux dont le Fonds mondial, la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement et plusieurs autres partenaires-clés techniques et financiers très présents en Afrique pour l’accès aux soins de qualité et la lutte contre la pauvreté.
L’accès aux soins pour les populations des débarcadères (pécheurs, mareyeuses, …) est une thématique de travail familière pour les avoir eues comme populations clefs dans mes interventions antérieures et c’est une occasion de plus de valoriser mon expérience et mon expertise Guinéenne au service du projet SAPEMA en tenant compte du contexte Burundais avec des enjeux nécessitant une approche plus approfondie et plus adaptée.
Quel était ton rôle lors de ta mission ? Quels sont les moments ou aspects qui t’ont le plus marqué ?
Partant de mon profil, la mission était essentiellement orientée vers l’évaluation de la qualité de l’offre de soins pour la communauté de pêcheurs et mareyeuses sur le Littoral du Lac Tanganyika du Burundi. La mission a porté sur l’analyse de l’opérationnalisation des postes des soins et des services de santé disponibles pour la communauté-cible, mais aussi et surtout sur l’approche stratégique de cette offre de soins à travers les nombreuses rencontres avec les parties prenantes du projet, notamment les structures nationales (SEP/CNLS, ICN/FM), les Programme Nationaux de santé (Paludisme et IST/VIH/sida et Hépatites), les autorités administratives et districts sanitaires.
En tant que bénévole-expert, j’ai eu un rôle clef dans le plaidoyer lors des différentes rencontres : ma connaissance des logiques et organisations des subventions internationales notamment du Fonds mondial (de lutte contre le Paludisme, la tuberculose et les IST/VIH/sida et les hépatites), des programmes nationaux et des politiques africaines de santé m’ont permis d’aborder aisément les réunions avec une approche stratégique et de renforcer le dialogue amené par l’équipe salariée du consortium SAPEMA (ESSENTIEL-SWAA-COPEDECOBU).
J’ai particulièrement apprécié la complémentarité dans les échanges et la synergie des compétences pour atteindre l’objectif de la mission.
Quant aux visites sur les zones d’intervention du projet, j’ai été très marqué par l’enthousiasme et la satisfaction des bénéficiaires, des élus et administrateurs locaux, ainsi que par certains jeunes motivés pour devenir Pairs-Educateurs pour accompagner le projet. J’ai également été marqué par l’engagement fort des pairs-éducateurs qui ne demandent pas de rémunération mais qui souhaitent un renforcement de leurs compétences et de leurs outils de travail pour assurer au mieux leur rôle de prévention et de sensibilisation afin de pérenniser les acquis du projet dans le long terme.
Enfin, j’ai surtout remarqué cette bonne intégration des postes de santé à travers leurs personnels respectifs (infirmier.e.s et mobilisateur.trice.s communautaires) dans les districts sanitaires et la collaboration positive aves les centres de santé (points focaux et responsables). Cette collaboration pourrait être un élément clef de la capitalisation du projet auprès des structures déconcentrées.
Quels seraient encore les principaux obstacles/défis, et quels sont les principaux leviers et réussites actuels du projet ?
En me servant de mon expérience africaine en santé communautaire, le renforcement des capacités opérationnelles des postes de santé avec une définition adaptée du paquet de soins est un gage certain du continuum de soins au niveau des postes de santé et une satisfaction assurée des bénéficiaires. Et qui dit continuum de soins, parle de disponibilité assurée des intrants, notamment pour les dépistages lors des stratégies avancées.
Le renforcement de la collecte qualitative des données et du suivi des patients est un enjeu continu pour que tout le travail engagé sur le terrain soit bien reflété à travers un reporting de qualité en tenant compte du référencement auprès des structures sanitaires de proximité après consultations aux postes de santé du projet SAPEMA.
Des leviers de réussite du projet sont à relever :
– L’engouement de la communauté des pêcheurs et mareyeuses, son adhésion et son acceptation du projet sont tout à la fois une réussite et un levier majeur du projet ;
– Les interventions périodiques en stratégie avancée et la paire-éducation reflètent un projet de santé communautaire bien pensé et bien conduit ;
– Enfin, l’élargissement des partenariats locaux au fil des ans et l’implication grandissante dans les politiques publiques sont également de belles réussites tout en étant des leviers indispensables pour ce projet d’accès à des soins de qualité pour la communauté des pêcheurs burundais du lac Tanganyika.
C’est donc très satisfait que je rentre de cette mission d’évaluation de l’offre de soins destinés à une communauté dynamique et certainement incontournable dans la lutte contre la pauvreté et pour la santé pour tous au Burundi.
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