ESSENTIEL a été sollicitée en 2016 pour construire une maternité rurale adjacente à un centre de santé dans le village de Gori rattaché au District Sanitaire de Léo dans la province de la Sissili située au sud du Burkina Faso.

Lors d’une mission prospective en 2017, il a été proposé que la construction soit associée à un programme plus large incluant l’amélioration des compétences des professionnels de santé en santé maternelle et infantile du secteur géographique concerné.

Cet article fait le bilan après un an de fonctionnement de la maternité et un premier cycle de formation.

Construire une maternité ne suffit pas ; il faut aussi former et renforcer les compétences de son personnel soignant

Suite aux contacts avec une ONG locale (OND[1]) à l’initiative du projet, deux médecins bénévoles d’ESSENTIEL ont mené une mission en novembre 2017 afin  d’évaluer la faisabilité du programme et sa cohérence en regard de sa finalité, à savoir améliorer la santé maternelle et infantile, et de la politique sanitaire nationale et régionale.

Le projet a retenu l’attention d’ESSENTIEL, mais la réflexion en interne a rapidement convenu que le seul fait de construire une structure pérenne, attenante au dispensaire, permettant aux femmes d’accoucher dans des conditions matérielles correctes, ne pourrait prétendre à lui seul atteindre les objectifs mentionnés. Il est apparu souhaitable de replacer ce projet de construction dans le cadre plus général de la prise en charge de la santé maternelle et infantile dans les zones rurales d’Afrique de l’Ouest afin qu’il réponde réellement aux besoins des populations.

En effet, La surmortalité maternelle et infantile, les carences dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive chez la femme en Afrique subsaharienne, en particulier au Burkina Faso, ont fait l’objet de multiples études et rapports convergents attestant du caractère multifactoriel de cette situation.

 

C’est la raison pour laquelle, le projet de construction de la maternité a été associé à un programme d’amélioration des compétences destiné aux professionnels de santé du District Sanitaire de Léo impliqués dans la santé maternelle et infantile (accoucheuses brevetées, sages-femmes).

La maternité, inaugurée en 2019, outils de l’amélioration de la qualité des soins pour les femmes

Le dossier de construction, validé et encouragé par les autorités sanitaires, comprenait outre le bâti conforme aux normes nationales, un équipement en matériel médical complet, l’électrification solaire, et des hébergements pour le personnel de la maternité et du dispensaire.

La rédaction et la diffusion des appels d’offres, le choix de la maitrise d’œuvre et la coordination du chantier de construction ont été assurés par le partenaire OND. L’équipement en matériel médical a été supervisé par le médecin chef du district sanitaire.

Les représentants des différentes communautés ont été associés tout au long du projet ainsi que les femmes à travers leur représentation au sein du comité de gestion du centre de soins.

La maternité a été inaugurée en décembre 2019 par le médecin chef du district sanitaire. Il est notable que le partenaire OND a pu au cours de l’année 2020 mobiliser des fonds publics pour installer une électrification solaire et construire un logement de fonction pour le personnel. A ce jour le système d’adduction à l’eau reste encore à finaliser.

Après 12 mois de fonctionnement de cette maternité rurale il a été fait une première évaluation qualitative et quantitative.

 

Bilan d’un an de fonctionnement

Il y a eu un renforcement des ressources humaines : un infirmier diplômé d’état et un agent de santé constituaient l’effectif antérieur du centre de santé, il a été renforcé par l’arrivée d’une accoucheuse brevetée et d’un agent bénévole d’appui au dispensaire. La féminisation du personnel médical a eu un impact indiscutable sur une meilleure prise en charge de la santé sexuelle et reproductive des femmes du secteur.

Ainsi :

– Les consultations du planning familial ont plus que doublé (+108%) – Le suivi des grossesses a augmenté de 13% – L’assiduité aux consultations prénatales du 1er et du 2ème trimestre a augmenté (+ 24% et + 13%). – Le nombre d’accouchements a augmenté de 20% mais reste néanmoins inférieur au chiffre attendu (350). Cependant, l’augmentation de 40% des CPN du 3ème trimestre devrait se répercuter plus tard dans les statistiques du nombre d’accouchements pour 2021.

Un an après l’ouverture, on constate donc une montée en charge de l’activité qui devrait logiquement se poursuivre sur le seul constat de l’augmentation du nombre de consultations prénatales. Nombre de femmes éloignées du centre de santé se dirigeaient jusqu’alors vers des centres périphériques disposant d’une maternité.

Former aux Soins Obstétricaux et Néonataux d’Urgence (SONU) est une priorité sanitaire

Le programme d’amélioration des compétences destiné à 20 professionnels de santé du district sanitaire de Léo impliqués dans la santé maternelle et infantile (sage-femmes, accoucheuses brevetées) a pu être mené en août 2020.

Sous l’appellation SONU (Soins Obstétricaux et Néonataux d’Urgence) il obéissait aux recommandations de l’OMS qui range ces formations au premier rang des priorités sanitaires pour améliorer la morbi-mortalité maternelle et infantile dans les pays africains.

Quatre formateurs burkinabés ont assuré l’enseignement pratique et théorique au centre hospitalier de Léo.

Ces 20 professionnels de santé seront amenés à intervenir sur une population estimée à 70 641 femmes en âge de procréer.

La force du partenariat avec l’ONG burkinabè Organisation Yinéyinédian pour la Nature et le Développement ( OND)

L’ensemble du projet « Santé maternelle et infantile : construction d’une maternité à Gori et appui à l’amélioration des soins du district sanitaire de Léo » n’aurait pu être mené à bien sans l’appui sans faille de notre partenaire OND et sans le soutien du médecin chef de Léo. En effet, depuis 2 ans le Burkina Faso est malheureusement confronté au risque terroriste auquel est venu s’ajouter la pandémie au Covid19. Dans ces conditions la supervision et le travail d’évaluation externe qui devaient être menés sur le terrain par les professionnels de santé bénévoles et le chargé de projet n’ont pu être réalisés.

 

Les partenaires financiers et techniques du projet :

• Département de Loire Atlantique
• Fondation Orange
• Membres d’ESSENTIEL
• Financement participatif
• OND – Organisation Yinéyinédian pour la Nature et le Développement
• COGES – Comité de Gestion du Centre de Santé et de promotion Sociale de Gori
• District Sanitaire de Léo

En complément des financeurs principaux il est à souligner l’investissement financier des partenaires du Sud ainsi que des donateurs du crowdfounding.

[1] Organisation Yinéyinédian pour la Nature et le Développement Durable