De retour du Sénégal après une mission commune, interview croisée entre 2 acteurs du projet « Travail Décent » : Elodie AÏSSI, en charge des projets internationaux au Service international-Europe au sein de l’Institut Belleville (CFDT) et François RAIMBAULT, Bénévole référent du projet et membre du Conseil d’Administration d’ESSENTIEL.
ESSENTIEL : Vous avez mené une mission avec les partenaires au démarrage du projet, qu’est ce que vous retenez de cette mission ?
François :
Cette mission courte (5 jours), riche et dense, m’a permis de découvrir le contexte du projet (lieux et conditions de travail des groupements de femmes), de découvrir les différents partenaires, leurs missions et compétences, l’existence, l’organisation et les moyens de l’offre de soins et aussi d’appréhender les enjeux en matière de protection sociale. Les 2 groupements ont des attentes fortes en matière d’organisation et de santé.
Elodie :
La mission a permis d’échanger à nouveau avec les femmes des deux groupements, ainsi qu’avec les organisations identifiées pour intervenir dans le cadre de l’accompagnement proposé aux femmes (alphabétisation fonctionnelle, santé sécurité au travail, etc.).
Ces échanges ont permis de préciser le contenu des activités planifiées ainsi que les modalités d’intervention de chacun des partenaires. Des discussions ont également eu lieu avec des acteurs de la protection sociale, pour mieux appréhender les dispositifs existants en la matière et les difficultés rencontrées.
Par ailleurs, une réunion multi-acteurs s’est tenue, permettant de répondre aux interrogations qui pouvaient persister sur la mise en œuvre du projet d’une part et de favoriser une meilleure connaissance des partenaires entre eux d’autre part. La diversité des compétences ainsi que la complémentarité des différents acteurs amenés à s’investir dans le projet laisse présager d’une dynamique très intéressante pouvant être développée dans le cadre de l’accompagnement global proposé aux femmes des deux groupements. Cependant, cet accompagnement devra être à la fois suffisamment bien planifié et coordonné pour faciliter les interventions de chaque acteur, tout en étant suffisamment flexible pour s’adapter au mieux aux besoins et réalités des femmes concernées.
ESSENTIEL : Vous venez également de participer à la restitution de l’étude de faisabilité sur la prise en charge du risque maladie des femmes des groupements partenaires et de leurs familles. Quelles en sont les grands défis pour l’avenir ?
Elodie :
L’un des principaux défis qui se pose aujourd’hui est que les femmes des deux groupements puissent discuter des principaux résultats de l’étude puis travailler avec l’UNSAS, le consultant et les acteurs de terrain pour élaborer un mécanisme réellement adapté à leurs besoins et réalités en matière d’assurance maladie.
L’étude effectuée permet en effet de dresser des constats généraux et de grandes lignes dont il est nécessaire d’avoir connaissance dans un premier temps, mais il est désormais utile qu’un travail d’affinage soit réalisé avec les femmes.
En effet, celles-ci étant les premières concernées par ce mécanisme d’assurance maladie, il est primordial qu’elles tiennent un rôle central dans la démarche de conception de celui-ci.
François :
L’offre de soins existe, tout comme quelques dispositifs de protection sociale, mais cette réalité ne doit pas cacher des carences (financement, disponibilité des médicaments, qualité de l’offre, panier de soins des offres de protection sociale, gouvernance des instances…) qu’il convient de travailler et de résorber pour répondre aux attentes des femmes des deux groupements.
La formation des femmes, leur bonne compréhension du fonctionnement d’un système solidaire de protection sociale (type mutuelle) ainsi que leur implication dans sa gouvernance m’apparaissent comme les défis à relever dans ce projet.