Retour de la mission réalisée en mai 2022 par Jean-Claude GUERIN, infirmier, responsable de service à l’hôpital de St-Nazaire, tout juste retraité, et bénévole au sein d’ESSENTIEL
Objectif de la mission : Travailler avec les médecins conseil sur les leviers d’amélioration de la qualité des soins pour les mutuelles de santé accompagnée dans le projet CAP CSU.
Peux-tu en quelques mots présenter le programme CAP CSU et son intérêt pour ESSENTIEL ?
Le programme CAP CSU, lancé en 2019, a pris la suite du Santé pour tous. Il consiste à soutenir et à accompagner le développement des mutuelles de santé communautaires. Son champ d’intervention s’étend sur 2 pays, la Guinée et le Bénin. 5 préfectures sont concernées en Guinée et 2 au Bénin.
L’enjeu global du projet est de permettre le développement de la Couverture Sanitaire Universelle en associant les mutuelles sociales et la société civile. A l’échelle nationale au Bénin et en Guinée, la professionnalisation, l’ancrage social et institutionnel du mouvement mutualiste sont deux défis majeurs.
Dans le cadre du programme CAP CSU, ESSENTIEL soutient le mouvement mutualiste et la société civile dans l’émergence d’une Couverture Sanitaire Universelle au Bénin et en Guinée.
Qu’est-ce que la médecine conseil dans le projet CAP CSU et quel était ton rôle lors de ta mission ?
La qualité des soins de santé étant l’un des déterminants majeurs d’adhésion des populations, il est donc important pour ces mutuelles de santé de se doter des services d’un médecin conseil en vue de faciliter la collaboration avec les prestataires de soins et de s’assurer de la qualité des soins dispensés aux bénéficiaires. Le médecin conseil appuie les mutuelles à la contractualisation avec les Formations Sanitaires (FS), il assure le suivi des prestations, participe à la supervision de ces FS en collaboration avec les autorités sanitaires, sensibilise et forme les prestataires.
La mission du mois de mai avait pour objectif d’identifier les difficultés rencontrées par les Médecins Conseils et d’élaborer des stratégies d’accompagnement des Formations Sanitaires et des Mutuelles.
Dans ce cadre nous avons défini, en concertation avec les intéressés, une quarantaine de propositions à faire évoluer ou à initier sur les thématiques visant à renforcer la qualité des soins, la formation des professionnels et futurs professionnels des FS, la collaboration avec les autorités de santé ainsi que l’implication des Mutuelles de Santé dans les stratégies de prévention.
Quels sont les principaux obstacles au déploiement du projet en Guinée et les principaux leviers du programme ?
Plusieurs éléments ont été identifiés comme des freins au développement des mutuelles, ils ont fait l’objet de nos échanges avec les autorités sanitaires locales. Il s’agit, entre autres, de la mobilité importante des agents de santé dans les FS qui ne permet pas d’établir un fonctionnement et une prise en charge des patients stable, permanente et organisée.
De même, les ruptures régulières de médicaments donnent une réponse trop aléatoire aux besoins des mutualistes et sont vécues par les mutualistes comme déterminantes du renouvellement ou non de leur adhésion.
Au cours de mission de mai, nous avons pu constater une grande disparité des situations dans les FS, un accompagnement renforcé à l’intention des FS, portant en particuliers sur la gestion des stocks et le pilotage/formation des équipes de professionnels apparaît comme un axe de développement à privilégier à l’avenir.
L’implication des autorités locales dans les Préfectures ciblées dans le futur projet qui pourrait prendre la forme d’une charte d’engagements mutuels portant sur les freins identifiés (la formation des agents de santé, la stabilité des équipes, la disponibilité des produits, la qualité des soins…etc) apparaît également comme un levier de développement dans le cadre du prochain programme.
Enfin, l’implication des mutuelles au déploiement d’actions de prévention, comme le soulignait le rapport de la mission de mars 2022 est également un levier de développement des adhésions.
Jean-Claude Guérin, bénévole au sein d’ESSENTIEL