Depuis quelques années, les mutualistes souhaitent accéder à des services complémentaires auprès de leur mutuelle et bénéficier ainsi de la prise en charge au niveau secondaire (hospitalisations et soins de spécialité). Jusqu’à aujourd’hui, les mutuelles proposent en effet aux mutualistes la prise en charge des soins dits primaires, délivrés dans les centres de santé de proximité ( paludisme, infections, plaies, otites, traumatismes simples, douleurs abdominales, etc…)
Deux conditions devaient être remplies pour pouvoir envisager cette évolution.
Tout d’abord, la nécessité du passage à l’échelle (augmentation du nombre de mutualistes) pour assurer un partage du risque suffisant afin de ne pas mettre en péril la santé financière des mutuelles. Cette première condition a pu être atteinte en 2015 grâce à l’augmentation du nombre de mutualistes (les effectifs des mutuelles ont doublé cette année) ainsi qu’au regroupement des mutuelles au niveau de chacune des trois Préfectures (Pita, Dalaba et Labé).
Ensuite, la volonté partagée par l’ensemble des acteurs du système sanitaire local concerné, notamment les hôpitaux et pharmacies de contribuer au développement du mouvement mutualiste et de conventionner avec celui-ci. Une étude technique a ainsi été engagée depuis 2014 afin d’analyser de façon détaillée les coûts engendrés par ces nouveaux services, les attentes des populations en matière de soins et leur capacité à contribuer financièrement à la mutuelle. Cette étude technique devait prendre en compte de nombreux paramètres parfois difficiles à conjuguer : le coût élevé de ces nouveaux services et la nécessité de maîtriser les charges pour rendre accessible le service au plus grand nombre (vision universelle de l’accès à la santé), la difficile maîtrise des circuits d’approvisionnement en produits de santé tels que les médicaments, la nécessité de pouvoir accompagner les mutualistes dans leur parcours de soins au niveau des hôpitaux et la méconnaissance du système mutualiste par les personnels de santé…
Le 6 octobre 2015 marque un point d’étape important dans la finalisation de ce processus. En effet, il s’agissait avec les élus mutualistes de valider parmi plusieurs solutions, le scénario technique et économique qui permettra de rendre effectif dès 2016 cet accès aux services de santé complémentaires auprès des mutualistes.
Lamarana Diallo, Assistant Technique auprès de la Mutuelle Préfectorale de Dalaba nous livre que « l’enjeu est énorme non seulement parce que c’est la première fois que les mutuelles préfectorales et les hôpitaux envisagent de signer une convention de collaboration mais surtout parce que chaque partie a quelque chose à gagner dans ce partenariat. Cette convention va permettre à la mutuelle d’offrir à ses mutualistes des soins secondaires qu’ils ont longtemps sollicité et d’autre part d’augmenter la fréquentation et les recettes des structures sanitaires… » Ce changement pour les mutuelles doit en effet permettre une plus grande attractivité de celles-ci auprès de la population. Il s’accompagne également d’enjeux importants en termes de maîtrise de l’équilibre économique des mutuelles qui dépendra notamment du bon équilibre du partenariat avec les services hospitaliers…