Dans le cadre du projet Santé pour Tous, les partenaires ont mis un focus important sur le genre et s’engagent pour l’égalité des femmes et des hommes. Leur constat : alors que les femmes constituent 60% des mutualistes et représentent les cotisants les plus fidèles, seuls 40% des élus dans les instances décisionnelles sont des femmes.
Fin 2014, Maimouna Barry, chargée de genre au sein d’ONAM, et Héloise ROMAN, bénévole d’ESSENTIEL, ont formé l’équipe du projet santé pour tous (ONAM, REMUFOUD, FMG) et mis en place des outils de diagnostic sur la question du genre dans les mutuelles.
En 2015, ces diagnostics participatifs réalisés dans chaque localité pour établir les spécificités de chaque territoire et mutuelle sur la question, ont mis en exergue différents freins à l’implication des femmes dans les mutuelles et à leur représentation dans les instances.
Dans les mutuelles de Pita, Dalaba, Labé, Timbi Tounni, Donghol Touma, Gongoré et Maci, les principaux freins rencontrés sont les suivants :
Des freins liés au fonctionnement des mutuelles :
Les femmes ont fait part de leur intérêt pour les mutuelles mais aussi de leurs difficultés à les promouvoir et à renforcer leur participation. Souvent, elles manquent d’informations car le mari, plus impliqué et qui est généralement l’adhérent, ne transmet pas les communications de la mutuelle à la famille.
Elles sont aussi peu associées aux décisions de la mutuelle par les élus mutualistes, car elles pensent que leur niveau d’éducation ne leur permet pas de prétendre aux postes les plus stratégiques au sein du bureau exécutif. Elles se limitent donc, aussi en raison du respect qu’elles portent aux hommes élus, plutôt des anciens.
Les freins liés à l’environnement (social, politique etc.) :
Certaines ont exprimé un manque de confiance en soi : même si elles ont les informations et une bonne compréhension de la mutuelle, elles n’osent pas parler en public ou discuter ouvertement de ces questions avec les hommes d’égal à égal. Sont également mises en avant les obligations sociales et familiales dont elles ont la charge (deuils, mariages, naissances, maladies etc.), et la résistance des hommes/maris.
Les freins liés aux activités et relations aux autres femmes :
Elles expriment également leur manque de temps et de disponibilité. Les femmes déjà leaders, elles, sont sur-sollicitées et il y a parfois même une méfiance et un manque de solidarité si de nouvelles femmes souhaitent s’impliquer.
La compilation des diagnostics se poursuit. Parallèlement les partenaires du projet ont pris en compte de façon transversale cet enjeu de donner plus de place aux femmes au sein du projet en prenant en compte leurs préoccupations et en impliquant les hommes. Ainsi, les émissions radio ont été réalisées en valorisant la présence des femmes mutualistes. Lors de la journée de la femme, les mutuelles ont organisé une cérémonie pour sensibiliser sur le genre et encourager l’adhésion des femmes aux mutuelles de santé et leur participation aux instances de gouvernance. Des élus locaux ont pris part à ces activités traduisant leur implication sur cette question. Un satisfecit a été délivré à une femme leader afin de valoriser ses efforts et encourager d’autres femmes à s’engager dans ce sens. Autant d’occasions de lancer des réflexions sur le genre au sein des instances des mutuelles.
D’autres activités pourraient être mises en place afin de lever les freins identifiés particulièrement en termes de formation des femmes :
- mise en place de binômes homme/femme au sein des instances décisionnelles
- séances de coaching entre femmes leaders et femmes mutualistes.
Par ailleurs, en lien avec les équipes médicales, le projet se préoccupe également d’étudier la mise en place de services spécifiques en terme de santé qui seraient attendus par les femmes sur leur territoire et de promouvoir des initiatives locales allant dans ce sens.
Parole d’un membre d’ONAM participant à la formation :
« La sensibilisation et la formation du personnel sur le genre m’a permis de clarifier les notions de genre, qui est différent de femme et de sexe. C’est une action transversale qui s’applique à tous les domaines, les stéréotypes crées sont le fait des inventions et non inné. Elle m’a également permis de comprendre les aspects transversaux et la démarche de prise en compte du genre dans le projet Santé pour Tous. J’ai perçu les différents types de freins liés à la participation des femmes aux instances décisionnelles des mutuelles de santé qui sont d’ordres socioculturel, économique ,opérationnel et environnemental. Cette activité a permis de faire ressortir la place qu’occupent les femmes dans le processus de développement en général et celui des mutuelles de santé en particulier ».