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[FRANCE – SENEGAL] Favoriser le travail décent de personnes en situation de précarité

La Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT) via L’institut Belleville, L’Union Nationale des Syndicats Autonomes du Sénégal (UNSAS) et ESSENTIEL sont partenaires d’une initiative du programme « Coopérer autrement en acteurs de changement » (CAAC), financé par le Comité Français pour la Solidarité Internationale (CFSI). L’objectif est de faire la promotion du travail décent et de l’accès à la protection sociale de personnes en situation de précarité, en France et au Sénégal.

Le projet consiste en un accompagnement auprès de deux groupements de femmes évoluant dans l’économie informelle au Sénégal, sur les communes de Yenne et Mabao, afin d’améliorer leur situation économique, entre autre via leur accession à une protection sociale. La démarche engagée et les résultats obtenus nourriront les réflexions syndicales sur les 2 territoires concernant l’accès à une couverture maladie pour des travailleurs indépendants précaires, dits aussi « ubérisés ».

Du 24 au 29 Novembre dernier, François RAIMBAUD, administrateur d’ESSENTIEL et Mesmin DOSSOU-YOVO, Volontaire à ESSENTIEL ont accompagné Elodie AÏSSI de l’Institut Belleville et Mame SAYE SECK de l’UNSAS à la rencontre des femmes transformatrices de poisson de Yenne et Mbao pour comprendre leur activité et leurs difficultés.
Cette mission a également été l’occasion de rencontrer les différents acteurs amenés à les accompagner sur leur professionnalisation et l’amélioration de leur condition de travail et leur santé.

Mame SAYE SECK, coordinatrice des projets à l’UNSAS, répond à nos questions :

Deux groupements de femmes a Yenne et Mbao participent à ce projet. Comment s’est fait le choix de ces 2 groupes ?

Pour l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (UNSAS), la prise en compte des besoins des travailleurs-euses de l’économie informelle s’inscrit dans une perspective de justice sociale.

L’UNSAS travaille ainsi depuis 2013 à l’accompagnement de groupes de femmes en coopération avec l’Institut Belleville et le CSN Québec ; ainsi qu’avec le Bureau International du Travail (BIT) de Dakar. L’accompagnement d’un groupe de femmes tanneuses de Guédiawaye a été un premier succès quant à la formalisation de l’économie informelle.  Il leur a permis d’améliorer leurs  conditions de travail, leurs capacités productives et accroître leurs revenus . En savoir plus via ce lien

L’objectif est de faire bénéficier les femmes transformatrices de produits halieutiques de Yenne et Mbao des leçons apprises lors de cette expérience ;  tout en prenant en compte  les spécificités du secteur de la transformation du poisson.
Les femmes de Yenne sont confrontées à un problème qui touche la majeure partie de celles qui s’activent au sein des entreprises de l’économie informelle : la question liée à l’accès à la terre. La pression immobilière sur ce territoire prive en effet actuellement les femmes de l’espace nécessaire à l’implantation de leur activité de transformation. Le travail complémentaire avec le groupe des femmes de Mbao, non confrontées à ce même souci de terrain, permet d’avancer sur les activités envisagées.

Quels sont les leviers identifiés pour faire évoluer le statut de ces femmes dont le travail est difficile et précaire ?

 

 

Pour faire évoluer le statut de ces femmes, l’on devra agir sur plusieurs leviers visant à accroitre leur pouvoir économique et leurs conditions de travail.

 

 

 

 

 

 

 

En vue de favoriser leur autonomie économique,  il s’agira de :

  • Organiser et ou réorganiser les femmes pour que leurs entreprises soient plus démocratiques, plus transparentes pour qu’elles deviennent plus fiables, viables et pérennes.
  • Renforcer les capacités techniques et managériales des femmes par le biais de l’alphabétisation fonctionnelle (axée sur ce qui est utile à leur activité), des formations en techniques de gestion, l’entreprenariat coopératif, la valorisation des produits et le marketing entre autres.

Pour ce qui concerne leurs conditions de travail, le projet vise à :

  • Former en Santé Sécurité au Travail  et intégrer les apprentissages dans le quotidien selon le principe de la formation par l’action
  • Mettre en place un système d’assurance santé adapté pour les travailleuses et leurs familles. Ces familles sont si précaires que si la femme tombe malade, c’est bien souvent toute la famille qui risque de sombrer.
  • Former les femmes à la valorisation du produit par des équipements modernes pour les sites de transformations, l’hygiène et la promotion de la qualité ainsi que la meilleure commercialisation des produits,

Qui sont les partenaires clés que vous avez identifiés sur les deux territoires à ce stade du projet en dehors des co-porteurs du projet ? En quoi leur coopération sera utile ?

Ce programme est innovant et riche dans le sens où il développe la coopération entre des acteurs de différents pays sur des problématiques communes. Il associe des partenaires du monde associatif et de la recherche dans l’objectif de trouver des solutions ensemble, chacun apportant ses plus-values, dans une approche holistique.

Au Sénégal, le projet réuni des acteurs aussi diversifiés que le Ministère des pêches et de l’Economie maritime, la Direction de la protection sociale du ministère du travail, L’Institut de Technologie Alimentaire (ITA) pour la valorisation des produits halieutiques commercialisés, le cabinet Sahel Dev, amené à dispenser la formation « Gérez mieux votre entreprise », L’ong AlphaDev spécialisée dans l’alphabétisation, un professeur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), spécialisé en action sanitaire et sociale, et les collectivités locales de Yenne et Mbao.

Le partenariat avec le BIT est également très important.  Celui-ci accepte de mettre son équipe sur le travail décent (ETD / BP OIT Dakar) à notre disposition pour apporter son appui technique. La FAO (Food and Agriculture Organization) a également manifesté un grand intérêt pour l’initiative.

En France, le Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (LISE), unité mixte de recherche CNRS/CNAM, a été identifié comme pouvant être un interlocuteur de l’Institut Belleville et d’ESSENTIEL pour ce qui concerne les travaux de recherche sur la question de l’accès à la protection sociale.