Réseau des Mutuelles du Fouta-Djallon : Comment mutualiser le risque entre plusieurs mutuelles ?

Le REMUFOUD, Réseau des Mutuelles du Fouta-Djallon (basé en Moyenne Guinée) a vocation à devenir une structure faitière opérationnelle au service du mouvement mutualiste.

A ce jour, le REMUFOUD, créé en 2011, rassemble des mutuelles de santé soutenues par le projet Santé Pour Tous (soit 12 mutuelles de santé à l’heure actuelle). Ce Réseau a en charge :

  • d’organiser un dialogue et des échanges de bonne pratiques entre les mutuelles de santé membre, à travers l’organisation de réunions trimestrielles
  • de faciliter la mise en place de l’inter mutualité pour la prise en charge des mutualistes dans toutes les mutuelles de santé
  • de mener des actions de plaidoyer communes auprès des autorités sanitaires, notamment par leur participation aux Comités Techniques Préfectoraux et Régionaux de la Santé et la construction d’action communes au niveau national avec le Réseau des Promoteurs de la Protection Sociale en Guinée (PPSOGUI)
  • d’accompagner les mutuelles dans les démarches de sensibilisation et d’adhésion des populations

Les mutuelles de santé membres souhaitent désormais aller au-delà. Elle veulent mettre en œuvre des dispositifs de soutien communs en partageant les risques et les enjeux de développement entre toutes les mutuelles.

Pour ce faire, un travail de fond est en cours depuis octobre 2014 associant toutes les parties prenantes, en particulier les élus des mutuelles. Le travail se déroulera en 3 étapes fondamentales :

  1. L’organisation d’un atelier avec les élus mutualistes : pour revisiter les besoins exprimés par les élus et les prioriser
  2. L’étude de faisabilité technique : avec la contribution de l’équipe technique
  3. La finalisation des scénarios techniques et la restitution auprès des parties prenantes

En résumé, les réflexions portent sur les points suivants :

  1. Prêts pour les mutuelles de santé en défautde paiement. Cette situation ne s’est encore jamais présentée (pas de mutuelle de santé qui n’a pas été en mesure d’honorer les factures présentées par l’offre de soin et qui a dû fermer). On ne peut pas exclure cependant que de tel cas arrive dans le futur, que les mutuelles de santé se retrouvent alors en situation de défaut de paiement.
  2. Prêts à l’offre de soin conventionnée avec les mutuelles de santé. Cela peut notamment permettre l’achat de médicaments, le renouvellement du stock et éviter ainsi les ruptures en médicaments.
  3. Prêts pour les communautés pour le paiement de frais liés à la santé de la communauté quand celle-ci prend par exemple en charge un personnel contractuel (non rémunéré par l’État en cas d’absence de personnel de soin à proximité). Ce type de situation concerne essentiellement les zones rurales (et non les mutuelles de santé urbaines) où les communautés prennent parfois en charge un personnel contractuel pour assurer des soins de proximité dans des secteurs éloignés.
  4. Prêts aux mutuelles de santé pour le développement d’activités génératrices de revenus. Cette forme de prêt vise à favoriser l’autonomie financière.
  5. Prêts à la mutuelle de santé pour développer les activités de sensibilisation/adhésions des populations à la mutuelle de santé. Le réseau et les mutuelles ont à cœur de pouvoir mener les campagnes d’inscription chaque année pour consolider les effectifs des mutuelles car sans adhérents, pas de mutuelle de santé.
  6. Renforcement de l’inter-mutualité. L’inter-mutualité permet à un mutualiste d’être pris en charge par la mutuelle de santé d’une autre localité lorsqu’il est en déplacement. L’inter-mutualité passe actuellement par des conventions bilatérales entre des mutuelles proches géographiquement, mais toutes les mutuelles n’ont pas signé ce genre de conventions entre elles.
  7. Cofinancement pour les mutuelles de santé (ex : pour équipement des structures sanitaires conventionnées). Il s’agirait d’un appui dans la recherche de nouveaux partenaires au développement par les mutuelles de santé en créant un fonds dédié au cofinancement de micro-projets de développement.
  8. Prise en charge des soins secondaires. Les cotisations des mutualistes permettent actuellement uniquement de couvrir les soins primaires. La prise en charge des soins secondaires (hospitalisations…) est une réelle demande mais implique un niveau de cotisation supérieur et une assise (en termes d’effectifs) plus large.
  9. Prise en charge de prime de motivation des personnels soignants. Etudier la prise en charge par le réseau de primes de motivation pour les prestataires participant activement au développement des mutuelles et s’efforçant de proposer des soins de qualité (accueil des mutualistes…) pour encourager encore davantage leur engagement en ce sens.

Auteur : Mamadou Malia BAH, Assistant technique du REMUFOUD/ chargé de communication PPSOGUI.

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