Démarrage de la nouvelle phase du projet Santé sexuelle et reproductive des mareyeuses et pêcheurs de la Province de Rumonge : sensibilisation, prise en charge et suivi (juin 2018 – mai 2020)

Depuis 2013, ESSENTIEL porte avec son partenaire, la SWAA Burundi, association qui œuvre au renforcement des capacités des femmes pour qu’elles puissent agir sur les causes et les conséquences du VIH/sida, un projet d’amélioration de la Santé Sexuelle et Reproductive des mareyeuses et pêcheurs de Rumonge : sensibilisation, prise en charge et Suivi. Ce projet a tout d’abord été initié en collaboration avec le Conseil Régional des Pays de la Loire, pour, lutter contre la propagation du sida dans le port burundais de Rumonge, situé aux abords du Lac Tanganyika et plus largement dans toute la province.

En effet, au Burundi, la prévalence estimée VIH est de 1% pour la tranche d’âge au-dessus de 15 ans (ONUSIDA 2015). Cependant, une enquête effectuée en 2013 sur les ports de Karonda, Rumonge et Kizuka faisait état d’un taux de prévalence de 7.3%, soit 9.5% pour les femmes et 4.2% pour les hommes démontrant l’inégalité des femmes dans ce domaine et la fragilité des populations de cette Province. Les mareyeuses, ces femmes qui travaillent sur le port qu’elles soient intermédiaires dans la vente du poisson ou restauratrices, représentent face aux pêcheurs une population très exposée aux risques liés à la sexualité. Plus largement les activités de ce poste concourent à l’atteinte des Objectifs du Développement Durable des Nations Unies, à travers les objectifs 3 (santé et bien-être), 5 (égalité des sexes) et 10 (réduction des inégalités).

C’est donc dans ce contexte que le poste de santé a ouvert en 2014. Celui-ci prodigue dépistage volontaire du VIH, dépistage et prise en charge des IST, référencement, distribution de préservatifs féminins et masculins et autres méthodes de contraception, orientation et sensibilisation sur ces questions. Depuis son ouverture, il est désormais intégré à son environnement et identifié par la population pour offrir des services de qualité et bénéficie également du soutien local : Bureau du District Sanitaire, la Coopérative des pêcheurs (la COPEDECOBU) et la Croix Rouge burundaise garantissant sa crédibilité et son ancrage local. Les premiers résultats laissaient transparaître les points forts de ce poste, à savoir : la disponibilité du personnel et sa proactivité, le taux de fréquentation élevé par les pêcheurs et les mareyeuses, la proximité et la qualité des conseils et les compétences du personnel soignant.

Cette nouvelle phase (2018-2020), qui comme la phase précédente est soutenue par la Fondation RAJA – Danièle Marcovici, marque à la fois une consolidation des services du poste de santé ainsi que de son ancrage territorial et une évolution avec une extension géographique, un passage à l’échelle des actions de sensibilisation au niveau de la Province de Rumonge. Ces sensibilisations ont trait à tout ce qui touche à la santé sexuelle et reproductive : lutte contre le VIH, les IST, la planification familiale, la violence basée sur le genre, mais également de manière plus large : le paludisme, l’hygiène en milieu de pêche, les maladies tropicales négligées, la tuberculose ou bien encore la nutrition.

 

Par ailleurs, l’implication des acteurs locaux est un facteur de réussite de ce projet. Tout d’abord la SWAA Burundi qui ici met en avant son cœur de métier : Prévention du VIH/sida chez les filles et les femmes, mobilisation communautaire pour prévenir, combattre et atténuer l’impact du VIH/sida, engagement dans le plaidoyer en faveur des femmes, pour l’accès aux soins de qualité et à l’égalité des chances entre les sexes. Afin de renforcer l’ancrage et l’appropriation communautaire, une vision participative a été intégrée par les séances de formation dédiées aux jeunes filles qui deviendront par la suite pairs éducatrices, devenant par ce biais actrices de changement et pérennisant les actions du projet. De même, les leaders communautaires (religieux, culturels, administratifs), à la suite de leurs séances de formation et de sensibilisation seront des relais efficaces au sein de leur communauté.

Enfin, sur cette nouvelle phase l’enjeu de pérennisation est très fort, celle-ci se situe à 3 niveaux. Financière tout d’abord, avec la nécessité d’une implication des partenaires dans la recherche de co-financements locaux, ou internationaux pour contribuer à la pérennisation de leurs organisations et à une plus grande implication dans la reconnaissance de leurs actions. En outre, le développement d’activités génératrices de revenus peut également être réfléchi afin de renforcer le pouvoir socioéconomique des femmes en les appuyant dans la transformation des produits de la pêche pour améliorer leur conservation, augmenter les prix de ces produits et faciliter leur écoulement. L’amélioration des conditions socioéconomiques de femmes mareyeuses leur permettra de jouer pleinement leur rôle premier de pilier de leur famille et de l’éducation de leurs enfants.

Institutionnelle, ensuite dans une démarche de reconnaissance des acteurs auprès des institutions qui induit une dynamique d’intégration facilitant la continuité des actions engagées (développement endogène). La phase précédente a permis une intégration au niveau du district. L’intégration dans la dynamique/pyramide sanitaire passe désormais par une reconnaissance au niveau de la Province.

Technique, enfin, par l’accompagnement apporté par ESSENTIEL aux partenaires qui permet d’ajuster les approches et méthodes et de gagner en professionnalisme. La gestion concertée du projet commun les responsabilise et les renforce. Cette pérennisation et appropriation donnera alors tout son sens à ce projet.

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